Bouddha bouillonnait.
L'esprit à vif, le corps tendu par la position qu'il adoptait. Plié en avant, les deux jambes qui serraient son Tropius volant. Et ses mèches voletaient en tout sens, fouettant son visage, émerveillé par la sensation de vol. Son regard se plissa, détaillant la cascade qui se précisait au fur et à mesure de leur avancée. De loin, cela ressemblaient à un gros trait bleu grossièrement tracé au marqueur par un enfant ; mais il suffisait de tendre l'oreille pour déjà entendre le rugissement des gouttes qui se percutaient les une aux autres avec une violence que même l'homme ne pouvait égaler.
L'alolien se mit à sourire, bêtement : que la nature faisait de belles choses ! Soudainement, les deux bras qui l'entourait, se mirent à serrer sa taille avec plus de force. Plus de peur surtout. Il se contorsionna, jetant un coup d'oeil à sa passagère.
-Ça va, Peggy ? hurla t'il en tentant de couvrir les cris du vent.
Il n'en revenait pas. Que son amie soit à l'académie d'abord, quelle surprise ça avait était de la croiser au réfectoire - aprés Noere, aprés Angel - il devait le reconnaître, même si ça lui crevait le coeur : cette académie avait le don de le faire renouer avec des vielles amitiés. Mais surtout, il ne revenait pas d'avoir réussi à la convaincre. Monter sur un Tropius, voler jusqu'à une caverne cachée sous une cascade tout ça pour... L'aider à cueillir des baies. Une aventure moins peggy-esque que ça, ça n'existait pas.
Déjà petit, il essayait de la trainer dehors : nager entre les vagues, explorer les forets... Souvent cela se soldait par un échec, avec un refus catégorique. Souvent, elle finissait aussi par accepter à contre-coeur... Peggy ne faisait pas partie de la bande de Bouddha, comme Noere. Et personne ne comprenait d'où sortait leur amitié. Mais elle était là, réelle, malgré toute leur différence. Et Bouddha jugeait que son amie ne sortait pas assez.
Il hurla soudainement :
-Attention à toi ! On va traverser la casc...
Mais les mots de Bouddha furent bien vite chassés par la claque d'un gerbe d'eau. Cette même claque qui écrase leur deux corps, et fit tanguer Millepieds, le Tropius de Bouddha. Ce dernier se posa ensuite délicatement, dans un orifice auparavant caché par la chute d'eau et ébouriffa ses ailes, laissant ses deux cavaliers descendre. Bouddha retira immédiatement son t-shirt et l'essora comme il le put - sans grand résultat. Par dépit, il le jeta au sol. Puis tournant sur lui-même, il observa les lieux. Son contact ne lui avait pas menti : la caverne était un long tunnel rempli de buissons, certes recouverts de toile d'araignée mais qui semblait remplis de baies en tout genres. Bouddha s'approcha de son Tropius et lui retira deux paniers préablement attachés à son pokémon par un cordage, il en lança un à Peggy, en demandant :
-Prête ?